Dérive
Installation de Gauthier Roumagne
Musée de Gajac2 rue des Jardins47300 - Villeneuve-sur-LotTél. : 05 53 40 48 00Du lundi 6 janvier au vendredi 28 févrierTous les jours sauf les lundisJusqu’au 28 février 2025, le musée de Gajac invite le public à découvrir un monde inondé figuré par Gauthier Roumagne. Avec son installation audiovisuelle Dérive, l’artiste convoque les forces de la nature, la création artistique et la temporalité.
Par un mapping spectaculaire, en immersion, le spectateur assiste à la disparition des cimaises sous les flots de la rivière et ses crues, évoquant les bouleversements climatiques et un futur inquiétant.
Ce n’est pas la simple représentation du désastre ; c’est une vision poétique, troublante de la beauté brute et hypnotique de la montée des eaux.
L’artiste sublime la mécanique des fluides, de leurs mouvements naturels en une danse lente, envoûtante. Les ondulations et courants s’inscrivent dans une chorégraphie, révélant la puissance et l’imprévisibilité des éléments. Le passage du réel à sa représentation, l’esthétisation du tragique, légitiment le voyeurisme mais agit ici aussi comme une sourde menace. Le spectacle, ce plaisir distancié, devient tour à tour le miroir de nos fascinations et de nos inquiétudes. Dans la scénographie, des toiles de maîtres délabrées, reliques d’une exposition fictive d’un autre temps, ajoutent, telle une vanité, une dimension de vulnérabilité et de mystère - celle d’un lieu abandonné dans un futur postapocalyptique ?
En découvrant ces oeuvres dans un univers dévasté, on devient le témoin impuissant d’un musée fantôme, vestige d’une époque révolue où la culture, l’humanité, semblent avoir sombré, délaissées aux caprices des eaux.
DÉRIVE efface les frontières entre le monde réel et virtuel et s’inscrit dans une actualité où les catastrophes naturelles s’intensifient. En regardant, contemplatifs, la lente montée des eaux, nous sommes confrontés à une vision de notre inaction collective. L’écologie politique a beau exister depuis plus d’un demi-siècle, elle n’a pas su enrayer notre emprise mortifère sur la nature.
Allons-nous réagir ? Réévaluer notre relation avec l’environnement ? Pas de réponse, juste la métaphore d’un monde à la « dérive ».