La Belle au Bois Dormant
Danse / Ballet
Théâtre Georges-Leygues2 Boulevard de la République47300 - Villeneuve-sur-LotTél. : 05 53 40 49 49Lundi 23 décembreFábio Lopez signe une relecture de ce conte d’une grande modernité avec ce ballet qui met à l’honneur le langage classique tout en le vivifiant. C’est l'histoire d'une reine qui désirait ardemment avoir un enfant. Un jour, une fée lui annonce que son vœu sera exaucé, mais que sa fille, la princesse Aurore, mourra en se piquant avec une épine. Malgré les précautions prises par les fées, la prédiction se réalise. Lors de son seizième anniversaire, la princesse rencontre un jeune homme, le prince Florimond, dont le corps est recouvert d'épines. Après s'être rapprochée de lui, enivrée d'amour, elle tombe dans un sommeil éternel, accomplissant ainsi le maléfice. Après son mémorable Lac des Cygnes, rien de surprenant à ce que le compositeur Tchaïkovski soit attiré et inspiré par ce conte folklorique. Il en résulte ce magnifique ballet en trois actes - avec prologue - sublimé aujourd’hui par une chorégraphie néo-classique, sur les traces de Marius Petipa.
Ancien danseur des ballets Béjart et Malandain, à la tête de la compagnie ILLICITE qu’il a fondée en 2015, Fábio Lopez a monté plus d’une quinzaine de pièces chorégraphiques. Avec la création de cette Belle endormie, il rencontre un succès auprès d'un large public.
La raison pour laquelle les contes de fées et les mythes sont toujours présents et constamment réinventés est qu’ils ont encore des choses à nous dire ou à nous révéler. Tout comme la classique histoire du bien contre le mal, la Belle au bois dormant est aussi une histoire de renaissance, ce que des écrivains contemporains appellent « rites de passage ». Ils sont aussi plein de symbolisme fascinant. La piqûre du doigt et la saignée sont clairement symboliques du voyage d'une jeune fille dans la féminité. À la fin de l'histoire, le « baiser »
du véritable amour et l’acceptation du Prince, qui a aussi dû prouver sa fragilité, suggèrent qu’ils sont maintenant tous les deux prêts pour l’amour physique et l’accomplissement. Le « sommeil » semble aussi symboliser une période léthargique dans la vie d’un adolescent quand il ne veut pas interagir avec le monde et que ces parents veulent souvent les « protéger ».
L’histoire originale remonte dans les brumes de la tradition populaire et de la légende. Le Neuvième Conte du Capitaine dans les 1001 Nuits; Perceforce (1528); Le Soleil, la Lune et Talia de Giambattista Basile (1575-1632); La Belle au bois dormant par Charles Perrault (1697) et La Petite Rose de bruyère de Jacob et Wilhelm Grimm contiennent tous des éléments de ce que nous reconnaîtrons comme étant la Belle au bois dormant.
L’histoire est celle du bien contre le mal, de l’obscurité vaincue par la lumière. Le récit de la jeune femme innocente condamnée par la « faute » des autres à dormir pour un temps infini, réveillée par une force étrangère et jeune, est à la fois attrayante et accessible. Il a inspiré et fasciné tous les âges à travers les générations, le drame, la musique, la danse, le cinéma et la pantomime. Beaucoup de gens sont des somnambules, effectuent des tâches simples ou complexes et parfois des activités dangereuses sans aucun souvenir quand ils se réveillent (noctambulisme).
Que le compositeur Piotr Tchaïkovski soit attiré par le conte n’est pas surprenant, malgré la tiède bienvenue à son précédent Lac des Cygnes. Il a mis le conte folklorique de la belle jeune fille endormie dans un ballet avec prologue et trois actes, d’abord joué à Saint Pétersbourg en 1890. Les leitmotivs du mal et du bien sont maintenus pour assembler les scènes et relier les musiques au mouvement.
Le ballet de Tchaïkovski crée un merveilleux monde musical pour Carabosse dans le Prologue mais les thèmes apparaissent à peine à nouveau dans le ballet et donc le grand personnage Carabosse est mis de côté. Sans aller trop loin, je crois que nous avons essayé de résoudre ce problème narratif avec l’introduction d’un nouveau personnage, son fils, un Prince des ténèbres.
Dans la plupart des contes classiques, sauf la version Perrault, le Prince finit par embrasser Aurore et la réveiller.